« Regards sur le travail »… dans les abattoirs

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Deux films et un débat, le dimanche 24 avril 2016, dès 18h au Cinéma Nova.

Dans le cadre de la 18e édition de Regards sur le travail – des rencontres pour alimenter débats et en films la question du travail et de ses représentations dans le cinéma documentaire  – Le P’tit ciné, le Cinéma Nova et Forum Abattoir, proposent une fin d’après midi et une soirée de films et débats sur le travail dans les abattoirs. Cela se passe au Cinéma Nova, 3 rue d’Arenberg, 1000 Bruxelles, dès 18h.

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Dimanche 24 avril à 18h [tarif : 3,5€ / 2,5€]

« Entrée du personnel »

un film de Manuela Frésil, 2011, France, video, vo st en, 59′

Projection suivie d’un débat sur la représentation de l’abattage animal au cinéma. Pour en débattre avec nous : la réalisatrice Manuela Frésil, un travailleur des abattoirs d’Anderlecht et Anne-Elène Delavigne, ethnologue (CNRS – Museum national d’histoire naturelle, France), qui, depuis de nombreuses années mène des travaux sur les représentations sociales et artistiques des métiers de la viande.

Il existe différents types d’abattoirs et différentes manières de filmer ce qui s’y passe. Quelques années après avoir réalisé “Si loin des bêtes”, un documentaire sur l’élevage porcin industriel, la cinéaste et philosophe Manuela Frésil a choisi de poser sa caméra dans un abattoir industriel, pour s’intéresser aux conditions de travail des ouvriers et à leur rapport à la mort. Un lieu caché, loin de tout, au bout d’une zone industrielle, où le travail commence dans l’obscurité de la nuit. Des bruits et des odeurs de mort. Une cadence soutenue. Des gestes répétitifs dictés par la mécanisation des chaînes de découpe ou d’emballage de la viande. Des exigences croissantes de productivité. La situation absurde d’une surproduction dictée par les délocalisations et les pressions de la grande distribution. Des douleurs physiques, des articulations qui lâchent et des nerfs qui craquent. L’usure bien avant l’âge de la retraite. La crainte du licenciement. Des témoignages et des récits de vie de travailleurs à la recherche d’une “vie normale”, s’étonnant parfois d’effectuer encore ce travail dans lequel ils pensaient ne faire qu’un court passage. Et les questionnements de la réalisatrice, qui parvient avec brio à contourner l’apparente impossibilité de montrer ce travail et ses conséquences sur les ouvriers.


DANS MA TETE UN ROND-POINT - 2

Dimanche 24 avril à 21h [tarif : 5€ / 3,5€]

« Dans ma tête un rond point »

un film de Hassen Ferhani, 2015, Algérie, HD, vo st fr, 100′

« Réalisateur ancré dans son territoire, Hassen Ferhani a longuement filmé Alger. Dans ses courts métrages documentaires, il a arpenté la ville. Et ici, s’est installé dans un lieu pour n’en plus sortir, un abattoir en pleine ville. Mais de la fonction d’un abattoir, Hassen Ferhani montre peu, à peine quelques bêtes écorchées aux détours d’un cadre, un taureau fougueux et résistant qui ne veut pas avancer ou un chat détrousseur d’intestins… Ce qu’il capte, longuement, dans des plans le plus souvent fixes ou portés par une tranquille lenteur, ce sont les espaces alentours, la cour, une rue, un terrain vague ou des locaux immenses, vides, suspendus à la fonction qui les attend. En laissant les bêtes hors champ, Ferhani s’éloigne délibérément de la mécanique du travail. Dans ces moments suspendus, il va recueillir la parole de quelques hommes, leurs liens, leurs rêves, leurs souffrances, loin des fonctions qu’ils occupent dans ces lieux. Dans ce huis-clos lent et tendre, qui s’offre des échappées presque oniriques, l’abattoir devient l’espace à partir duquel, au loin, se dessine un pays, la scène close que seul les liens d’amitiés et l’imaginaire ouvrent à l’ailleurs et aux possibles, l’espace que des hommes, coincés dans leur dure vie de labeur, franchissent en rêvant, désirant, partageant. »